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saison 15

 

Rémi UCHÉDA

Ci-gît l’eau

du 5 avril au 23 juin 2024

 

La construction de cette exposition commence par une trouvaille, ces deux poteaux en inox, facettés sur toute leur longueur. Ils reflètent leur entourage tout en encadrant un sujet central, comme deux gardiens. Ils s’érigent immobiles de part et d’autre, absorbant l’espace et votre image dans leur brillance inoxydable. Ils ne sont au départ que deux poteaux de douches extérieures appelant l’eau en douce pluie. « Ils arrosent » ainsi par leurs reflets miroir et douchent du regard cette étrange objet angulaire noir, maintenant plein de scories blanches.Ce grand totem hexagonal aux deux oreilles jaunes semble avoir séjourné longtemps dans un autre milieu, comme probablement de l’eau de mer. Il brandit ainsi ses deux pattes jaunes tordues vers le ciel comme pour saisir une accroche, un sens aux choses. Il est maintenant retourné mais à l’envers il devait permettre un arrimage plus concret, un point d’accroche sur le fond marin. Cette pièce d’aluminium qui n’est plus immergée perd son usage premier, sa fonction. Ces trois triangles d’une hauteur plus que d’un homme semblent soutenir ces deux cheveux jaunes au vent griffant le ciel, de sa couleur émeraude. Animées par ces contorsions, un pendant s’établit par ces petites formes à leur pied : coupelles de céramiques empilées qui semblent elles se contorsionner sous l’effet du feu. Ce petit contrepoint ou contresens dans cet univers plutôt vert d’eau où un dépassement de température a ainsi scellé ces petites coupelles entre elles. Ces céramiques nous permettent d’interroger la tenue et à l’inverse le délitement. Ces pièces en argile sigillées distordues par la surchauffe du four chassent une eau de constitution qui en s’unissant une à une, perdent leur usage pour former ce corps comme un vers de terre.Tous ces procédés s’appliquent à la matière, mais par un glissement de sens, peuvent également s’appliquer aux idées, aux pensées. Cet univers proche d’un aquarium rempli de vestiges est prêt au retournement, au duel entre eau et feu. Il appelle par leur forme plusieurs états et éprouve leur résistances, leur structures, leur poésie… Une enseigne dressée à la perpendiculaire de la vitrine signale cet écosystème ; qu’ici gît l’eau.

R.U.

 

Dans le temps du glissement et la trace qu’il laisse, du regard vers l’expérience, de la distance à l’accueil, d’action courte en action longue -(s’)allonger, mesurer, étirer, étendre, (se) fondre-, de forme en geste, par la performance Rémi Uchéda interprète les sculptures, les siennes, d’autres, pas-à-pas, corps-à-corps. Il s’avance, se risque et répond à l’invitation de ces objets à venir les éprouver, les pratiquer, les bouger, les danser. De venir « s’essayer » encore et encore à la sculpture, s’y frotter. Et par-delà, peut-être, de la réinventer. Avec lui les œuvres deviennent des objets, les sculptures des espaces scéniques, des practices. Les systèmes sont renversés. Les formes et formats étirés, éprouvés, cultivés, fendus en deux…

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Rémi Uchéda est né en 1969 à Ganges. Il vit et travaille à Paris. Diplômé des écoles des Beaux-arts de Nîmes puis de Montpellier, il a bénéficié de nombreuses bourses, résidences et commandes publiques. Régulièrement invité à participer à des expositions, on a vu son travail dans Attention à la marche (histoire de gestes) à La Galerie de Noisy-le-Sec en 2005, Postures à la Galerie de Villa des Tourelles à Nanterre, ainsi que Saisi Exposition, résidence 2angles à Flers, en 2006, Des constructeurs éclectiques au CRAC de Sète en 2008, Transfrontaliers, Véhicule l’adhérence. Expo. au 19 Centre d’Art Contemporain de Montbéliard en 2010, À peler au VOG, Centre d’art contemporain de la Ville de Fontaine, Grenoble, en 2012, Deux pièces meublées à la Galerie Jean-Collet de Vitry-sur-Seine en 2014, Dégagements / Déplacements au Générateur à Gentilly en 2016, Architextures de paysage #1 au Château d’Oiron, centre des monument Nationaux en 2017, à 100m au K R, Galerie Fernand Léger à Ivry-sur-Seine en 2017, Reporte Exposition et performance, au Mètre Carré à Metz en, ainsi qu’une exposition a_meublements au centre d’art Faux mouvement en 2018. etc. Plusieurs expositions personnelles et diverses publications lui ont été consacrées.