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Nicolas Daubanes

PROHIBITION

du 13 février au 9 avril 2016   saison 7

Pour Nicolas Daubanes, le travail de l’artiste – le processus comme l’œuvre accomplie – incarne le principe même de résistance. Face à une oppression, déshumanisante – processus décrit clairement et durement par Robert Antelme dans « L’espèce humaine » – la résistance vise à conserver, au travers des épreuves et des situations les plus destructrices, la flamme du désir humain, dans toute son individualité et sa force créatrice. Daubanes explore et affronte des systèmes d’oppression, des situations destructrices – prison, guerre, maladie, oubli, etc. – et révèle ces germes de résistance qui les contaminent, les combattent. Autant de ferments de transformation, de soulèvement, de retournement par l’intérieur, de subversion, à l’image de l’action de ces bactéries et levures invitées par l’artiste à agir dans l’œuvre qu’il présente à la V.R.A.C.

Le désir, opposé à la mort, agit comme producteur de plaisir, de jouissance, invente des solutions subversives (plaisir de saboter une machinerie, de démasquer une propagande, de guérir et de survivre à la maladie, de jouir et savourer malgré l’enfermement, de créer des espaces de liberté…) d’une grande ingéniosité, subtiles et ironiques, nourries des moyens du bord. Nicolas Daubanes l’incarne dans une mise en œuvre plastique efficace et jubilatoire, qui résonne d’un rire profond. Cette ivresse érectile, cette joie de vivre absurde, est celle, comme l’écrit Clément Rosset, de l’affirmateur face au nihiliste : « la joie est insondable, et il n’y a pas de peine qui puisse finir par l’effacer ».

« Prohibition » est une œuvre inspirée à Nicolas Daubanes par des détenus, lors de ses rencontres et interventions en milieu carcéral. Ils lui ont confié une recette de fabrication d’alcool, mise au point avec les matériaux et ingrédients disponibles sur place.

Daubanes : « Il y a une sorte de corrélation entre la « fermentation » du détenu dans sa cellule, et l’action de la fermentation des fruits, de la levure, du sucre et de l’eau dans la bouteille. Quelque part, c’est aussi lié au temps de « macération ». Que je relie aussi au temps de l’exposition. Ce qui m’amuse dans cette pièce, c’est l’idée que ce qui se gonfle au dessus de la bouteille soit une sorte d’image du désir du détenu (…) L’alcool, qui permet l’accès au rêve et à l’évasion, donne forme à un objet qui lui-même est une image (…) de ces rêves inaccessibles. »

Stéphane Got, février 2016

Le site de Nicolas Daubanes
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