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saison 13

 

 

 

Mehryl LEVISSE

 

 

 

 

 

 

du 22 avril au 3 juillet 2022

 

entretien avec Mehryl LEVISSE par Nicolas WÖHREL pour RADIO LARZAC, le 17 mai 2022

Mehryl Levisse est un artiste franco-italien né à Charleville-Mézières.

Il est diplômé d’un Master en Théorie et Pratique de l’Art Contemporain et des Nouveaux Médias.

Dans son travail, le corps n’est pas une finalité mais un commencement, un matériau malléable et adaptable aux idées. Mehryl Levisse se met en scène dans des environnements de fortune, des performances ou des costumes colorés, minutieux, complexes et exubérants. Ses installations sont immersives et ses captations photographiques (terme personnel au travail de l’artiste) questionnent, parodient la société et utilisent le corps comme s’il était un objet. La transversalité de son travail – il a pratiqué la danse (classique, moderne jazz, contemporaine) – l’incite à collaborer avec des philosophes, théoriciens, chorégraphes, marionnettistes, chercheurs, danseurs, sociologues… qui nourrissent et enrichissent tant son processus de recherche que ses créations.

En 2011 il part à Casablanca travailler au sein de l’association l’Atelier de la Source du lion, un espace de recherche, de rencontres et de création créé en 1995, qui lui permet une immersion dans le contexte social et culturel marocain. Durant cette période, il assiste l’artiste plasticien Hassan Darsi ainsi que de la danseuse-chorégraphe Meryem Jazouli, fondatrice de l’Espace Darja, unique espace de danse contemporaine au Maroc. Il reste depuis très lié avec ces deux structures et basé en partie à Casablanca, il fait depuis des allers-retours régulier entre la France et le Maroc. Cette même année 2011, afin de palier à l’absence de structure et de programmation dédiée aux arts visuels à Charleville-Mézières, il fonde Balak, un espace temporaire d’art contemporain qui ouvre les portes d’une exposition une à deux fois par an (www.espacebalak.org). Charleville-Mézières devient alors son terrain de recherche et d’expérimentations artistiques par lequel il invite des artistes et chercheurs du monde entier à venir créer et penser en fonction de ce territoire délaissé des politiques culturelles publiques.

Queer, engagé et militant, tout son travail utilise le motif (pattern) et l’ornement, convaincu qu’ils ne sont jamais neutres et qu’ils sont toujours le véhicule de normes et de valeurs. C’est au travers de médiums tels que le papier peint, l’installation in-situ, le costume et la performance qu’il explore les frontières, les enjeux sociologiques et les représentations archétypales, hétéronormatives, discriminatoires et oppressives du corps. Issu des cultures alternatives et de la scène underground, Mehryl Levisse a commencé son parcours en exposant dans des caves, festivals, raves, donjons BDSM… son travail nourri de ces esthétiques et de ces codes se mêle à des éléments autobiographiques, questionne le genre, la (dé)construction de l’identité, la sexualité et s’entrecroise en permanence avec son engagement militant, social et politique pour défendre la cause LGBTQIA+. Très conscient des nombreuses problématiques qui entravent le quotidien des personnes queer, la question des interactions de l’artiste avec son environnement devient alors centrale chez lui : comment une œuvre peut-elle initier un dialogue une fois sortie de son contexte habituel ?
Pour lui, être artiste est un acte citoyen, et tout artiste se doit d’être engagé. Ainsi, ses interventions sont toujours reliées à un combat social, comme celui pour l’acceptation des communautés LGBTQIA+ ou la démocratisation de la culture artistique, y compris jusqu’aux milieux défavorisés. Peu convaincu par l’efficacité des politiques publiques de gratuité des musées, qui, en fin de compte, attirent principalement des visiteurs familiers de ces lieux culturels, Mehryl Levisse préfère sensibiliser à l’art en rendant le spectateur actif.

Il a exposé dans des projets, galeries et institutions internationales telles que : le SCAD Museum of Art, Savannah, solo 2021 / BIENALSUR : Biennale Internationale d’art contemporain d’Amérique du Sud, Buenos Aires 2021 / BISO : Biennale Internationale de sculpture de Ouagadougou, Burkina Faso 2021 / la Villette, Paris, performance Horama 2021 / le Musée des antiquités de Rouen, solo 2021 / l’International Center of Photography, New-York, exposition collective #ICPconcerned 2020 / l’Institut Français de Casablanca, solo 2019 / le Centre Pompidou, projet solo Images artifices au Studio 13/16, 2016, puis activation de la performance le Travball en 2018, puis Paradisaeidae cycle de performances dans le musée en 2019 pour La création en famille, Centre Pompidou pour lequel il a réalisé l’affiche de la saison jeune public 2019/2020 / la Biennale de l’Image Tangible, Paris 2018 / le Mac Val, Val-de-Marne, exposition collective Tous des sangmêlés 2017 / le Musée de la Chasse et de la Nature, Paris, Fête de l’Ours 2017 & 2018, l’un de ses masques fait partie de la collection musée / la Bibliothèque des Arts Décoratifs, solo 2017 dont l’œuvre in-situ est devenue pérenne / la Galerie Catinca Tabacaru, New-York, solo 2017 / le Festival Mondial des Théâtres de Marionnettes (biennale) pour lequel il a réalisé l’affiche 2017 / le Musée Arthur Rimbaud, installation monumentale in-situ, Charleville-Mézières 2017 / le Frac île-de-France, solo dans la vitrine de l’Antenne, 2016 / la Galerie Bertrand Grimont, Paris, solo 2018 / le MO.CO Montpellier, exposition collective 100 artistes dans la ville 2019 / Nuit Blanche Paris 2019 / la Biennale Internationale de Poésie, Charleville-Mézières 2020 / la Biennale Internationale de Casablanca, Maroc 2018, entre autres.

Il a collaboré avec la Cité Internationale de la Tapisserie d’Aubusson et réalisé une tapisserie qui a été inaugurée en septembre 2020. Il a réalisé une performance et un film en collaboration avec l’Opéra National du Rhin, l’Université de Strasbourg et la Bibliothèque Nationale Universitaire en 2021 pendant le confinement et l’épidémie de covid19.

Son travail vient d’entrer dans les collections du FRAC Artothèque Nouvelle-Aquitaine, du FRAC Bretagne ainsi que dans les collections du Musée de l’âne à Tanger et du Musée Arthur Rimbaud à Charleville-Mézières. Il fait partie de la prochaine YANGO Biennale : Biennale internationale de Kinshasa, République Démocratique du Congo 2022 et de la prochaine Ghetto Biennale, Port-au-Prince, Haïti 2022. Il présente une nouvelle performance lors de Performa 24 à Milan en avril 2022, ainsi qu’une autre nouvelle performance au Musée Würth en juin 2022.

En 2021 il est lauréat de la bourse de la DILCRAH, Délégation Interministérielle à la Lutte Contre le Racisme, l’Antisémitisme et la Haine anti-LGBT pour sa performance créée en 2018, le Travball, un sport inclusif joué par le public de tout âge et encadré par des Drags (mascottes, capitaines d’équipes, arbitres, cheerleaders) afin de lutter contre l’homophobie présente dans le sport et les stades, de contrarier les codes de l’hypervirilité encore tenaces dans le monde du sport, et de questionner la dimension genrée de ces manifestations publiques. Le Travball à été joué au Centre d’art de Malakoff, au Centre Pompidou, au FRAC Alsace, à France Télévision ainsi qu’à Nuit Blanche Paris.

Il est actuellement exposé au Musée des Beaux-Arts de la Chaux-de-Fonds (Suisse) dans l’exposition « Sortir du bois, à la lisière du style sapin » jusqu’en mai 2022. Sa nouvelle exposition personnelle  Maquillarse en la oscuridad vient d’ouvrir à l’Institut Français de Madrid, jusqu’en avril 2022. En parallèle il est en résidence au FRAC MECA durant l’année scolaire septembre 2021 / juin 2022 pour mener un projet avec une classe de Bac pro – Métiers de la forêt.

 

le site de l’artiste : www.mehryllevisse.fr